PHILOSOPHIE

Voici ma petite philosophie personnelle, pragmatique, de la photographie. J’espère qu’elle vous donnera de quoi comprendre comment je travaille, et ce qui me motive.

LE TEMPS

La première des composantes incontournables d’une belle photographie est le temps.

Le temps de s’immerger dans l’environnement, d’en comprendre les dynamiques. Le temps de repérer les espaces, leurs structures, leurs jeux de lumières.

Le temps d’analyser ce qui se passe pour pouvoir mieux anticiper ce qui va se passer.

Le temps aussi d’être repéré par les autres protagonistes, puis de me fondre dans le décor pour qu’ils m’oublient.

Le temps, enfin, de composer mes images, de choisir mes angles, d’attendre l’instant décisif pour déclencher et saisir l’émotion.

Mais à ce stade, les photographies sont loin d’être prêtes…

De retour chez moi, il me faut encore du temps pour les sélectionner, repérer celles qui nécessitent un peu de travail pour révéler leur potentiel.

Et puis, il faudra « développer » les photographies : recadrer parfois, ajuster les couleurs, les ombres et les lumières, réaliser quelques retouches (en particulier pour les portraits).

L’expérience aidant, on acquiert quelques réflexes et savoir-faire qui nous permettent d’être plus efficace. Mais ces réflexes sont aussi des habitudes, des « astuces de pro »…

Alors il me faudra prendre du temps pour me remettre en question, pour douter, pour découvrir les travaux d’autres photographes et enrichir mes inspirations, renouveler mes aspirations.

Du temps pour explorer de nouveaux horizons, tester de nouvelles méthodes de travail, faire évoluer mon regard. C’est important.

LES LUMIÈRES

Le second ingrédient pour réussir une photographie, c’est la lumière.

À première vue c’est une banalité. Et pourtant…

Plus que la quantité, c’est la qualité de la lumière qui importe. D’ailleurs il serait plus juste d’en parler au pluriel.

Les lumières, directes ou indirectes, éclairent la scène, révèlent les détails, en cachent d’autres dans les ombres qu’elles projettent.

Les lumières structurent les espaces, creusent la profondeur, marquent les points forts de la future image.

Les lumières déposent de la couleur un peu partout. Aviez-vous remarqué que les néons projettent une lumière verte ou bleue, alors que les ampoules au tungstène tirent plutôt vers le jaune, voire l’orange ?

Les lumières enfin, structurent l’image : elles guident notre regard à travers la photographie, elles en sont la syntaxe.

Et c’est pour cette raison que mon travail est un travail d’écriture, de photo-graphie.

Souvent, mon travail consiste à bricoler avec les lumières telles qu’elles sont, ici et maintenant. C’est-à-dire à composer avec un nombre limité de mots, avec une grammaire capricieuse.

Les lumières sont douces ou crues, timides ou vulgaires, changeantes… Elles sont le meilleur allié du photographe et son meilleur ennemi.

L’ÉMOTION

On dit souvent que les photographies reflètent le caractère du photographe qui les a prises.

C’est tellement vrai que j’ai du mal à faire de belles photos quand je suis préoccupé, agacé ou triste.

Raison pour laquelle vous me verrez souvent avec le sourire jusqu’aux oreilles pendant un shooting.

Sourire est une méthode : pour me sentir bien et me rendre attentif à ce qui m’entoure. La joie est une composante de la curiosité. Et la curiosité est indispensable pour dénicher avec bienveillance les émotions cachées dans le monde réel.

Sourire pour mettre à l’aise, en confiance les personnes que je photographie, en reportage comme lors des séances portrait.

Si je suis photographe, c’est en grande partie pour partager les émotions que me procurent toutes les situations de la vie.

C’est le fait que le monde me touche que je souhaite communiquer. Ou, pour être plus précis : je voudrais montrer à quel point le monde peut être touchant, sincère, fragile parfois, amusant aussi.

Le monde est émouvant. Voilà ce que je désire transmettre à travers mes photographies.

Il y a des jours où c’est un peu plus difficile à faire, mais la mission me semble tellement digne que ma motivation reste intacte.

Et je souris…